Challenge BB2R
Le challenge BB2R est un challenge personnel que j’effectuerai à partir du 14 Juillet 2021au départ de la commune de St Jean le Vieux.
L’idée est de gravir 40 cols du département de l’Ain en autonomie partielle ( juste deux points de ravitaillement sur le parcours ) en 48 heures , pas plus, pas moins pour 650 kms pour un dénivelé positif d’un peu plus de 15000 mètres. Les 48 heures sont un objectif secondaire , l’objectif principal étant de boucler l’intégralité du challenge en profitant un maximum de se fabuleux circuit que j’ai mis plusieurs mois à tracer , à repérer .
Je désire à travers ce challenge faire découvrir les superbes cols de l’Ain , le parcours se concentre sur les monts du Bugey qui foisonne de cols vraiment magnifiques avec pour certains des pourcentages impressionnants . Montrer via ces ascensions que le cyclo tourisme à toute sa place dans ce beau département de l’Ain , qui est une terre de vélo . J’espère à travers ce challenge donner envie à beaucoup de m’emboiter le pas pour se lancer sur cette belle trace en itinérance sur plusieurs jours en mode léger » Bike packing » ou chargé en mode » grand voyageur »
J’effectuerai le challenge au guidon de mon vélo ADV BB2R , le vélo sera chargé en mode Bike Packing pour me permettre l’autonomie , eau, nourriture, habilles de rechange . Le poids de l’ensemble vélo plus bagages avoisinera les 16 kg .
Ce challenge est donc un challenge personnel , je le fais seul et en autonomie , mais je ne suis pas fermé à ce que des cyclistes me tiennent compagnie mais ils pourront le faire seulement sur deux portions de la trace : du départ de la commune de St Jean Le Vieux à 8h00 le mercredi 14 Juillet et jusqu’au somment du grand colombier vers 23h40 , soit 250 kms pour 6000 m de D+ sur cette partie . L’autre partie étant la fin de la trace le vendredi 16 Juillet à partir de 06h00 et jusqu’à l’arrivée à St Jean le vieux vers 8h00 . Je ne suis en rien responsable des personnes qui souhaitent m’accompagner , je ne m’en occupe pas , je fais mon challenge individuellement . Je roule au rythme que je me suis fixé lors de mes entrainements de préparation .Merci pour votre compréhension.
N’hésitez pas si vous êtes sur les bords de route lors de mon passage à me saluer , c’est avec grand plaisir que je vous renverrai un salut amicale.
Un Live Track sera mis en place sur ma page FB le 14 Juillet à partir de 8h00 pour vous permettre de me suivre pendant toute la durée challenge.
PLAN DE ROUTE
HEURES DE PASSAGES THEORIQUES
POUR TOUT SAVOIR SUR LE CHALLENGE BB2R :
parcours en 2D et 3 D, gpx ...
cliquez sur l'image ci dessous vous allez être redirigé vers la page Challenge BB2R de Aintourisme
Repérage de la partie sud du challenge BB2R
Repérage challenge BB2R cols à fort pourcentage
Repérage challenge BB2R fin de la trace
Mon challenge BB2R raconté en 37 heures
Il y a un an je crée le BB2R (Bike Beer Rock n’ Roll) , un projet personnel pour me permettre de faire partager mes trois passions que sont la bicyclette, le brassage de la bière et le rock n’ roll au sens large du terme. Depuis un an j’avais l’idée de me lancer un défi dans mon département de l’Ain. Les paysages de l’Ain sont splendides, entre Bugey, Dombes, Revermont et pays de Gex les choix de ballades ne manquent pas. Habitant dans le secteur du Bugey c’est bien sûr sur une escapade dans les cols de l’Ain qui va motiver la mise en place du Challenge BB2R. Je vais mettre plusieurs mois à tracer le challenge BB2R , l’idée est de passer au sommet de 40 cols , 39 exactement , le col de la Faucille étant un aller retour est sortant de la boucle restera une option. Je mettrai 6 mois de Janvier à Juin à repérer par tronçon cette trace de 660 kms pour 14250 m de D+. Le BB2R c’est aussi un état d’esprit qui se veut le plus écologique possible, ces repérages je les ferai en partant de chez moi en vélo, hors de question de prendre ma voiture pour aller au plus près de la trace. Les samedis entre 200 et 300 kms vont s’enchainer, souvent sous le soleil, parfois avec des températures assez basses, parfois sous la pluie …. Modifiée, corrigée, validée sur le terrain … la trace est définitive fin Juin.
Fin Juin, il me reste 15 jours avant le départ j’ai décalé une première fois le challenge pour cause de restriction sanitaire, malgré une météo annoncée bien maussade je ne peux me permettre de décaler une nouvelle fois, mes obligations professionnelles ne me le permettent pas. Pas bien grave la météo je ferai avec …
Trois semaines avant mon départ Ain tourisme me contacte afin d’organiser le suivi communication de mon challenge afin de promouvoir la montagne de l’Ain. Ce sera une belle collaboration, nous avons des objectifs communs pour promouvoir le vélo typé tourisme dans l’Ain ça tombe donc très bien. Une équipe de tournage me suivra tout au long du challenge.
D’un film qui devait au départ mettre en avant les somptueux cols de l’Ain, l’équipe de tournage a du adapter son cahier des charges au vu des conditions météorologiques pour en faire un film de promotion des cols de l’Ain à travers le dépassement de soi car il faut bien l’avouer j’ai du puiser bien loin pour boucler ce périple après plus de 57 heures sous un déluge mémorable.
Je vais vous raconter mon périple sur 37 heures, je ne suis pas un compétiteur, je suis un simple gars qui fais de la bicyclette, je m’épanouis dans ce sport qui est devenu pour moi un formidable moyen de voyager en respectant l’environnement. Ce challenge n’est en rien pour moi une performance sportive, certains compétiteurs sont capable de faire bien mieux, par contre je pense que c’est une réelle performance mentale quand on regarde de plus près la volonté qu’il m’a fallu pour terminer après des heures et des heures sous la pluie et dans le froid. Rien que pour cela je suis fier d’avoir réalisé cette épopée.
Allez, je vous embarque pour un peu plus de 37 heures …
H – 15 : Rencontre de l’équipe tournage Bokeh production mandatée par Ain tourisme pour me suivre durant toute la durée du challenge BB2R. Je rencontre Chloé et Evan, première interview et premier tournage au Col de Nivolet. Le courant passe bien, je pars pour de longues heures de selle dans quelques heures et je suis rassuré par les attentions qu’ils me portent déjà.
H-10 : Nuit compliquée, je m’endors à 5h00 du matin, le réveil sonne à 6 h 00 ; 1 heure de sommeil !
H-1 : Je m’interroge sur mes capacités à prendre le départ avec la fatigue accumulée cette nuit, j’y serai, on verra bien …
H-0.15 : J’arrive sur la place de la mairie de St Jean, mon équipe logistique (Hugues, Claire, Marlène, Sophie, Mathilde et Hugo) ont installé la tonnelle Ain tourisme « L’Ain la montagne pour vous » , des cyclistes sont là, les copains et des personnes que je n’ai jamais vu , c’est très sympa
H -0 : Le maire M Batailly donne le départ, et nous voilà sur les premiers mètres de la trace du challenge BB2R, passage à l’Abergement de Varey , accueilli aux bruits des casseroles et d’une banderole « Hue Dada » , les copains ont fait le job .
H + 30 : Passage du premier col, le col de Nivolet, premier arrêt pour enfiler kway et surchaussures, la pluie double d’intensité dans la descente , la visibilité est réduite, les lunettes sont rangées …elles le resteront longtemps , très longtemps.
H+1h35 : Passage au col d’Evoges , toujours la pluie je m’arrête pour manger une barre de céréale et boire un coca, je ne suis pas très en forme , la fatigue de ma mauvaise nuit est bien présente, je m’interroge sur mes capacités à aller bien loin , le doute sur la réussite de cette aventure s’empare de moi
H+2h57 : Le golet de Thioux est passé nous sommes au col de la Rochette, certains ont déjà bouclé pour rentrer chez eux au chaud 😉 nous attaquons la descente, nous nous faisons gifler violement par une pluie froide qui s’intensifie, il fait 8 degrés … Lucas s’approche de moi il me glisse quelques mots « Daniel si tu y arrive tu auras ma reconnaissance éternelle », il sourit et reprend sa place dans la file des quelques courageux toujours présents.
H+3h20 : La descente terminée, je suis devant et imprime un bon rythme sur le plat qui nous emmène au pied du col de la Lèbe , couché sur le guidon , les yeux déjà bien rougies par la pluie …toujours là …derrière pas un bruit, c’est file indienne …ça attend je crois le col de la Lèbe pour se réchauffer
H + 4H12 : Le col de la Lèbe s’est bien passé, première pause à Thézillieux au bords du lac , mon épouse Sophie et ma fille Mathilde et Kassandra une amie sont là pour nous encourager , on sort les sandwichs du sac , Evan et Chloé sont là … la caméra tourne , il pleut toujours …les jambes sont déjà bien meurtries par le froid et l’humidité
H + 6h24 : On a terminé la descente, on est à Lagnieu, Dominique et Laurent nous quittent, ça tremble, ça grelotte pour eux , Dom a eu du mal à tenir le guidon dans la descente , on est gelé ! Dom me regarde l’air très embarrassé, il va laisser un copain seul pour 550 kms dans des conditions météo terribles ça lui crève le cœur. Laurent vide ses poches et me donne ses dernières barres de céréales et pain d’épices il me dit «Tiens tu en auras plus besoin que moi, courage Daniel »
H+ 7h00 : C’est au tour de Greg et Lucas les plus jeunes du groupe de me laisser ils ont fait 130 kms avec moi, ils font demi tour et rentrent en direction de la maison, Hugo mon fils qui est leur copain les attend avec une bonne fondue …Ils vont se régaler … Je les embrasse, je sais que maintenant c’est seul que je vais poursuivre cette aventure
H+ 7h52 : J’arrive à l’embranchement de la cascade de Glandieu, je stoppe pour 5 min , je mange le reste du sandwich de midi , j’ai froid, je suis mouillé . J’envoie un sms à Evan pour lui dire que je vais en direction du col des Fosses …ils me rejoindront pour filmer dans le col …là ils font le montage de la première vidéo dans leur van.
H+9h18 : Je passe le lac d’Ambléon , je suis dans le col des Fosses , il pleut toujours , Evan et Chloé viennent de me doubler ils se sont arrêtés pour des prises de vue en drone . J’attends avec impatience le ravitaillement prévu d’Innimond je vais enfin pouvoir mettre des affaires sèches, manger chaud.
H+ 9h42 : me voilà à Innimond , Sophie, Marlène, Claire, Alix, Kassandra et Mathilde sont là , j’ai le sourire, je me change, passe de la pommade anti frottements, j’ai la peau toute ramollie par la pluie , les mains et les pieds fripés . Je mange une bonne soupe, du jambon, du fromage, un thé à la menthe , j’en remplis une gourde pour la suite …Je repars sous les encouragements de la power girls J la nuit est bientôt là ,je fixe ma frontale sur le casque
H+11h07 : Je suis à Culoz ma moyenne horaire est correcte toujours dans les temps , j’ai un peu plus de 20km/h , le grand Colombier est là , notre géant du Bugey souhaite que je l’affronte de nuit je le sens , il m’accueille bras ouverts …j’entends sa petite voix « viens, viens mon petit je suis là , aies le courage de venir me voir la haut tout là haut … » j’attaque les premiers lacets , j’ai déjà 235 kms au compteur et quelques 4300 mètres de D+ , la montée est rude je le sais et toujours cette pluie qui vient me tremper les os ! Evan et Chloé sont là , je zigzague … Chloé assise dans le coffre film , un gros projecteur est placé sur le toit du véhicule , elle me dit « c’est sympa tes zigzagues ça rend bien à la caméra …mais c’est bon tu peux arrêter … » elle ne sait pas que non je ne peux pas arrêter , mon fidèle vélo pèse 17 kg chargé, les pourcentages à cet endroit sont terribles …Je pose pied à terre , je m’essuie le visage , l’eau ruisselle dans mon cou , je souffle, je dois repartir, je dois le faire là haut ils m’attendent …je dois
H + 12h25 : L’équipe de tournage m’a laissé depuis déjà un bon moment , je suis seul …j’aperçois dans un virage une voiture noir il est 23h30 , je vois un homme s’agiter dans ce virage , accroupi il essaie d’allumer un feu d’artifice il me semble …ça foire , je le vois courir vers moi avec une femme emmitouflée dans sa doudoune …je les reconnais enfin , ce sont mes amis du Pays de Gex Olivier et Carole , ils crient, me lancent des «vas y Popeye, t’es trop fort , tu va le faire ils courent , c’est de la folie
Quelle joie de les voir là et quelle belle surprise ils me doublent quelques instants après, Carole filme et commente ma montée …je rêve, je ris, je suis heureux … « Un clafouti t’attend là haut ne traine pas trop me lance-t-elle le sourire aux lèvres J »
H + 13h15 : J’y suis-je vois des lumières de fêtes foraines, Hugues mon ami a tout prévu il a monté la tonnelle d’ Ain tourisme, y a tendu une guirlande aux multiples couleurs qui l’a reliée au panneau Col du Grand Colombier ,c’est beau ! j’arrive sous les applaudissements de Carole, Olivier qui arrivent enfin à faire exploser son feu d’artifice , Loic, Olivier et son bœuf frère …Hugues qui me fait l’accolade « tu y est mon pote , viens au chaud » .Je pause mon vélo , je regarde Evan et lui demande une faveur :
« tu veux bien m’accompagner avec ta caméra tout là haut , j’ai un message à passer » ,
«oui me dit il mais ou ?on y voit rien »
« suivez moi »
Chloé emboite le pas de Evan et on monte au point le plus haut vers la croix. Je lancerai un message à Karma notre filleul réfugié tibétain au Ladakh et à Tashi notre ami du Zanskar thema Tour, j’accroche des drapeaux Tibétains , je suis ému je les avais dans la poche depuis le départ …et si c’était eux qui m’avaient donné la force de me hisser ici malgré ce temps terrible ?
H+ 13h30 : Je me change dans un camion et retourne manger une soupe chaude et une part de Clafoutis de Carole. Dehors c’est l’hiver, 5 degrés, la pluie redouble, le brouillard ne veut pas se dissiper ! Dans ces conditions il ne serait pas raisonnable de reprendre la route, je décide de faire une pause plus longue au sommet et de dormir un peu. Loïc me prépare un lit dans son camion, je me couche vers 2h30 , 2h00 après la camion bouge , le vent claque sur les bâches de la tonnelle qui à son tour claques sur le camion , c’est infernale ! Impossible de dormir dans ces conditions, je lis quelques messages sur ma page FaceBook, je commence à m’apercevoir que je suis bien suivi et que ce challenge devient une aventure collective , ça me plait
Habillé avec une nouvelle tenue de vélo, je me lève il est 5h30, j’ai dormi 2h00 , je mange une nouvelle part de clafoutis, je bois un peu d’eau pétillante, mange une banane , remplis mes trois gourdes. Je vais taper à la porte du deuxième camion pour dire à Hugues que je pars, il se lève, fait quelques photos, j’enlève un gant et je lève un point rageur, je suis décidé à continuer malgré cette pluie glacée qui n’arrête pas ! Je m’élance il est 6h00. Au bout de 2 kms je suis déjà trempé, la descente est compliquée, le froid me raidit le corps tout endolori de la journée d’hier.
H+14h44 : J’en ai terminé avec le col de la Biche, j’ai repris la patate, la montée s’est bien passée, les jambes tournent bien …je remets un k-way supplémentaire pour la descente histoire de couper un peu le froid sur mes habits détrempés … puis c’est le faux plat montant qui me mène au pied du col de Richemond, là encore la montée du col se passe bien, j’apprécie ce col , les pourcentages ne sont pas trop sévères du coup ça me permet de bien mouliner et d’éviter de forcer sur ma cuisse gauche d’où vient une petite douleur qui descend dans le genou.
H+ 17h53 : Je suis en haut du col de la Rochette, la descente sur Hauteville est courte mais elle va suffire à me glacer les os … pas bon signe je me mets à claquer des dents … il est 12h00 et j’ai faim, je suis trempé, je passe un sms à mes enfants pour qu’ils m’apportent des affaires sèches et un ravitaillement… une part de quiche me ferait bien plaisir !
H+18h33 : Je suis au col de Cuvillat, Hugo et Mathilde ont assuré le ravito, j’ai eu droit à ma quiche, changé, je reste au sec un moment. Chloé et Evan m’ont retrouvé, ils poursuivent leur tournage pour Aintourisme, petite interview en haut du col, quelques mots de réconfort qui font du bien… et j’attaque la descente vers le plateau du Retord. L’ambiance devient magique, je traverse ces étendues désertes… personne que le vent, la pluie et mon vélo pour unique compagnie… il y a bien un drone par ci par là qui tourne là haut tout là haut… ici en bas c’est beau… alors de la haut ça doit être magnifique
H+19h45 : Col de Belle roche passé, je perds mon bidon et mon porte gourde dans la descente qui me mène à Nantua, la pluie redouble, Didier un copain est au pied de la descente il s’est absenté un moment du boulot pour venir m’encourager, il retrouve mon porte bidon… il me le ramènera à la maison… j’attaque le col du Bérentin
H+20h35 : Au Poizat, un homme est sous la pluie au bord de la route, il m’encourage me demande si je ne manque de rien ! Il s’appelle Jean, je ne le connais pas, ces encouragements me font vraiment du bien, le col de Cuvery passé j’attaque la descente sur Bellegarde. Je retrouve l’équipe de Bokhey production, je leur dis que je vais devoir me changer en bas de Menthière je suis mouillé, vraiment mouillé l’eau froide commence à se glisser dans le dos et chemine jusqu’aux reins … ca devient dur …
H+21h38 : On s’arrête avant d’attaquer le col de Menthière, je me déshabille dans leur van , je fais sécher un peu chaussettes et chaussures sur les bouches d’aérations du van , je mange quelques reste de midi, je repars
H+23h00 : J’ai passé Menthière je suis à nouveau trempé, la montée à été dure car je sais que je n’ai plus d’affaires de rechange, il faut tenir jusqu’aux Moussières , la nuit tombe , je dois redescendre sur Lelex , 30 kms… je retrouve Evan et Chloé à Lélex , je remplis mes gourdes dans les toilettes publiques, mange une barre de céréales, refuse le morceaux de saucisson que Chloé me tend… je vais le regretter , ils partent en direction des Moussières, me voilà seul dans la nuit, direction Mijoux , faux plats montant bien longs… des Patous aboient et dévalent à toute vitesse les champs qui bordent la route, pourvu qu’ils ne passent pas les barrières …
H24h51 : Je suis à Lajoux, mon genoux est de plus en plus douloureux, il est 22h40, je m’interroge , face à moi le col de la Faucille je l’ai tracé en aller retour (c’est une option) soit je monte là haut, je redescends ensuite dans la nuit et le froid, toujours trempé soit je tourne pour prendre la trace qui boucle sur la montée vers Lajoux… J’hésite, j’envoie un sms à mon fils Hugo, il a été cycliste de bon niveau et il connait bien ces routes, je lui dis que je pense que je ne vais pas prendre l’option Faucille, il me répond « oui ça sert à rien c’est un aller retour, il est tard tu as déjà roulé 17h00 sous la pluie si tu fais ça tu hypothèques tes chances de terminer… tu arriveras trop tard au ravito, tu ne pourras pas récupérer assez ». Je suis bien de son avis il me confirme à ce moment que je fais le bon choix.
H25h23 : J’en ai terminé avec la montée de Lajoux, j’ai choppé un début de fringale dans la bosse, mes pensées étaient toutes tournées vers cette tranche de saucissons que j’avais refusé à Lélex … mais les Bokhey production ont eu la bonne idée de s’arrêter dans la bosse pour filmer, je dévore les quelques restes de midi !me voilà requinqué pour les dernier 15 kms avant les Moussieres.
H :+26 : Arrivée aux Moussières il est 00h30 , dernière interwiew pour Aintourisme avant une petite nuit de sommeil. Je suis accueilli par Annie la tante de ma compagne Sophie. Annie est aux petits soins pour moi, elle m’a préparé une super soupe, elle fait sécher mes affaires, et un bon lit m’attend. Je me couche à 2h30, réveillé à 5h30 je regarde quelques messages sur la page FB du BB2R, mon genoux va mieux, j’ai passé une bonne demi heure à le masser avant de me coucher, la chaleur d’un bon lit après déjà 49 heures sous la flotte a été salutaire ! Je mange un grand bol de soupe, Evan m’a rejoint il filme ma préparation pour le dernier jour. Je repars à 7h00 encore sous une pluie un peu plus fine et moins intense, peut être un signe
H+28 : J’ai passé le lac Genin et le col du Sentier, je me suis aperçu en passant à Nantua des trombes d’eau qui sont tombées pendant ces deux jours, c’est énorme le lac déborde, ses abords sont barrés , des déviations sont installées. J’arrive à Maillat, là j’ai la bonne surprise de voir les amis : Marlène, David et Hugues venus m’encourager … avant d’attaquer le col du Sappel je vois aux bords de la route Raphaël il me suit sur le Live Track et est sorti de l’autoroute pour me faire un salut amical, c’est vraiment sympa .
H+29 : Je suis à la Balme, je m’arrête un moment pour faire la causette avec mes trois amis, Hugues sort un bout de Comté de son sac, délicieux ! il est 12h00, je suis en rade au niveau nourriture, Marlène et David me propose un ravitaillement vers le col du Berthiand …tip top et en plus la pluie s’est arrêtée, depuis mercredi 8h00 du matin c’est la première fois , c’est vendredi et il est 12h00, je pensais que le soleil avait définitivement disparu !
H+30.30 : Super ravito sous le soleil, je discute avec Marlène et David, c’est un très bon moment de ce périple, je repars gonflé à bloc , la route est sèche , le soleil est là j’ai pu enlever mes affaires de pluie ! Je pédale vigoureusement, je suis bien, très bien, je passe le col de Mataflon, double un cycliste anglais chargé en mode grand voyage , je le salue chaleureusement en lui souhaitant good luck !
H31.30 : J’en ai fini avec la montée de Grand Corrent, dans la bosse je m’arrête un moment pour discuter avec Gilles, responsable de la communication chez Aintourisme, nous échangeons sur le challenge et la météo qui ne m’a pas gâté pendant toutes ces heures, il prend quelques photos et me voilà reparti …
H33 : J’ai monté le mont July, Evan et Chloé ont filmé dans le col des Rousses, je les retrouverai plus tard à Poncin pour la dernière halte avant les derniers 1000 m de D+ . A Hautecourt c’est Pierrot un copain de l’amicale cycliste de St jean le Vieux qui est là à prendre des photos, au passage je lui tape dans la main, il m’encourage c’est sympa.
Arrivée à Poncin je retrouve quelques copains sur leur vélo qui vont m’accompagner pour les 60 derniers kilomètres. Je mange un bout et nous repartons.
H35.30 : J’ai passé le col du Montratier, la bosse de Corlier et le col du Pisseloup, au sommet de ce col c’est sympa de revoir Nadine venue m’encourager une dernière fois et prendre quelques photos. La mauvaise surprise c’est que la pluie est de retour depuis Corlier, j’ai remis mes affaires de pluie. Je ne me sens pas très bien dans le col du Pisseloup, c’est marrant à dire mais la présence des copains même si j’ai vraiment apprécié qu’ils soient là m’a complètement déconcentré, je suis sortir de ma bulle , j’ai fais de nombreux kilomètres seul , sous la pluie et dans le froid , je me suis crée un cocon psychologique et là de parler, de les écouter, de déconner… ça ne va pas , je commence à avoir du mal à respirer , ça devient dur.
H36.40 : Voilà j’en ai fini des cols, je viens de terminer le col des Pezières, pas facile, respiration difficile, pluie, nuit. J’ai remis un écouteur histoire d’essayer de me concentrer sur mon pédalage… j’ai posé le pied à terre plusieurs fois dans cette bosse que d’habitude j’avale sans difficultés. Les copains sont là et j’entends leurs encouragements «Allez Dan c’est fini maintenant descente et t’es tout bon », je les remercie pour leur présence … Nous attaquons la descente vers St Jean le Vieux en passant par Boyeux St Jérôme. La descente de nuit est périlleuse. Séverine et Céline sont garées à la sortie de Boyeux pour nous encourager .Aller encore un peu de concentration et ça sera l’arrivée. Hugues nous attend à l’entrée de Jujurieux sur son VTT, ça me fait plaisir de le voir et les images du sommet du grand Colombier refont leurs apparitions.
H +37 : J’arrive dans st Jean le Vieux sous les lumières des réverbères, les copains sont là nombreux à l’arrivée, ils m’accueillent bras levés en criant, c’est beau … je trouve la force de lever mon vélo juste pour le remercier de m’avoir accompagner pendants ces 37 heures de vélo… Je suis ému, Hugo et Mathieu font péter deux bouteilles de Cerdon et m’aspergent à profusion ! je suis heureux… je dis quelques mots … je suis heureux oui heureux de voir que cette escapade des 40 cols de l’Ain a été suivie par de nombreuses personnes , je suis heureux d’avoir retrouver des sensations de plénitude lors de ce challenge que j’avais déjà eu au Zanskar quelques années plus tôt, il y a beaucoup de respect dans l’attitude des amis là sur la place de St Jean … celles et ceux qui étaient sur le terrain et qui m’ont aidé lors des ravitaillements ont vécu eux aussi ce périple de l’intérieur, ils comprennent d’où je viens …ils sont je crois eux aussi très émus, comme d’ailleurs Evan et Chloé toujours là caméra à la main. Dernière petite interwiew pour Aintourisme … il est temps maintenant de rentrer au chaud.
Je mettrais pas mal de temps pour trouver le sommeil, et pourtant depuis le mardi matin je n’aurai dormi que 6h00, une petite heure dans la nuit de mardi à mercredi, 2 heures au sommet du grand Colombier le jeudi matin et 3 heures chez Annie le vendredi matin. Moi petit cyclotouriste je ne pensais pas pouvoir dormir si peu tout en pédalant pendant 660 kms et en escaladant 39 cols de l’Ain, la réussite du challenge je l’ai construite aussi en ayant la sagesse dans l’effort , je voulais prendre 100 % de plaisir lors de ce périple et malgré la pluie incessante, j’ai pris un plaisir dingue à traverser l’Ain ,ces cols, je n’ai jamais voulu arrêter , trop heureux de la chance que j’ai de pouvoir faire du vélo , de pouvoir avoir créer cette belle boucle , de pouvoir l’emprunter jusqu’au bout ! Je ne suis pas le gars à courir après des records, des chronos, des classements … J’avais annoncé que je ferais ce challenge en 48 heures… je l’aurais réalisé en 63 heures, 37 heures de pédalage et donc pas mal de pauses pour me changer et me mettre au sec quelques minutes …J’avais surtout annoncé que l’objectif était de terminer, de boucler cette belle boucle… J’ai terminé et au vu des conditions c’est vraiment une très belle chose pour moi. Je ne remercierai jamais assez la famille et les amis qui ont été là pour moi… sans eux rien n’aurait été possible.
J’espère que maintenant vous aurez vous aussi envie de découvrir cette belle boucle des 40 cols de l’Ain, profitez un maximum de ces paysages magnifiques qu’elle vous offre et surtout gardez à l’esprit que ce qui compte avant tout c’est le plaisir de rouler et le partage que ça peut engendrer avec les autres… celles et ceux qui vous aident, celle et ceux que vous allez rencontrer… Alors bonne route à vous !
D’un challenge personnel c’est devenue une aventure collective alors merci :
A toute ma famille et bien sûr à mon épouse Sophie, mes enfants Mathilde et Hugo ultra présents avant, pendant et après le challenge.
Aux amis présents sur le terrain et dans la préparation du challenge pour leur grande générosité : Marlène, Claire, Hugues, David
Aux valeureux cyclistes au départ et à l’arrivée
A vous toutes et tous, aux bords des routes, derrières vos ordi à envoyer vos beaux messages, à suivre le Live track …
A Evan et Chloé de Bokhey production pour leur générosité et leur professionnalisme
A vous présent à l’arrivée pour m’accueillir
Et bien sur à toute l’équipe de Ain tourisme et tout particulièrement Emmanuel, Johann
et Gilles pour leur confiance et l’envie de partager cette aventure à mes côtés.
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